Monuments

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Les châteaux (suite)

IV - Souterrains et oubliettes

Le peuple attribue des longueurs extraordinaires aux souterrains des châteaux :
celui de Lesneven (Finistère) aboutissait à deux lieux de là à une autre forteresse;
celui de Bordage (Ille-et-vilaine) au château de Saint-Aibin du Cormier encore plus éloigné.
Quelques-uns étaient l'ouvrage de fées, comme celui qui allait au château de la Hunaudaye à Lamballe.
Mélusine avait construit la longue galerie qui, partant de Lusignan, débouchait dans les arènes de Poitiers, distantes de six lieues.
Elle faisait le trajet de son château de Sucinio (Morbihan) au couvent des Trinitaires de Sarzeau par un large souterrain où il y avait un canal et une voix carrossable;
tantôt elle se servait d'un bateau, tantôt d'un carrosse traîné par des bœufs.
Le souterrain d'un château voisin de l'île Chevalier, appelé Toul ar Serpent, va jusqu'à Combrit, qui est séparé par un bras de mer;
le serpent qui l'habite s'attaque à ceux qui sont assez hardis pour y pénétrer.

 

Les caveaux du château de Marsan auraient servi autrefois de demeure à une peuplade étrangère, nommée Lutons, Nutons ou sottais.
Ils étaient de petite taille et exerçaient divers métiers;
les gens du pays allaient déposer à l'entrée les objets qu'ils voulaient faire raccommoder, avec le salaire qu'ils supposaient exigible, et le lendemain ils trouvaient à la même place l'objet réparé.
(cette légende est en relation avec les rochers et les dolmens) voir page "monuments 1"

 

Les bruits que l'on entend dans ces longs couloirs et qui sont dus à des phénomènes acoustiques passent pour des manifestations d'esprits de l'autre monde;
à Kertanouarn, c'étaient les âmes des faux-monnayeurs qui venaient y travailler;
au château de La Lières, c'était la voix d'un prisonnier qui, il y a trois cent ans, fut attaché par une chaîne de fer au fond du souterrain et y mourut de faim;
ii revient la nuit, secoue ses entraves, et collant sa bouche à la fente du mur, il gémit et il appelle, et ses chiens mettent le nez à la fenêtre et aboient.

Les souterrains de Tonquédec sont hantés pare les âmes des huguenots morts dans ce château;
ils soufflent sur la lumière et l'éteignent chaque fois que l'on tente d'y pénétrer trop avant.

 

Les paysans disent que l'on voyait dans les souterrains du château de Puy-de-Pont (Dordogne), par le trou d'une porte de fer, un veau d'or étendu sur une table, et à côté un bâton de bronze et un manteau écarlate;
certains ajoutent que toutes les fois qu'on a voulu y faire des fouilles il est survenu une tempête.

Une poule en or et ses douze poussins, également en or, sont cachés sous les décombres de la Tour de Bonneau.

On croit qu'à l'instant où le prêtre dit l'Evangile du premier dimanche de l'Avent, le démon qui garde les trésors dans une des caves en ouvre la porte, mais qu'elle se referme aussitôt après l'Evangile.

 

Le trésor du château de Montlandon n'est accessible que pendant la messe de minuit :
l'homme qui a réussi à y pénétrer est tellement ébloui par ces richesses qu'il ne songe plus au temps qui s'écoule;
s'il n'est pas sorti avant la fin de la messe, il est forcé d'y rester au moins pendant un an;
rien ne lui manque, mais s'il vient à mourir, son âme appartient au diable.

Au premier coup de la cloche de l'élévation de cette messe, l'entrée d'un souterrain près du château de Marolles est libre à tout venant;
on y voit trois monceaux de monnaie : or, argent, billon, et chacun peut prendre ce qui lui plaît, mais doit choisir que dans un seul tas;
la grande dame rouge qui les garde dit à celui qui y pénètre de prendre ce qu'il voudra, mais de ne pas s'attarder : la cave se referme en effet au dernier coup de la cloche et garde celui qui n'a pas été assez prompt pour sortir auparavant.

Le dimanche des Rameaux, lorsque la procession s'arrête devant les portes closes de l'église, une cachette pratiquée dans les murs du château de l'Ormeteau s'ouvre d'elle-même, et laisse voir le trésor gardé par le diable.
Une femme ayant son enfant à la mamelle eut jadis l'audace d'y pénétrer, et pour remplir son tablier des pièces du monceau d'or qu'elle découvrit, elle posa l'enfant, et sortit, emportant une faible partie du trésor, puis elle revint précipitamment chercher son nourrisson : la muraille s'était refermée, et c'est en vain que la pauvre mère implora la Vierge et les saints.
La nuit suivante, une fée lui apparut et lui dit :
« ne pleure plus; dans un an, jour pour jour, heure pour heure, ton enfant te sera rendu, si tu rends intégralement tout ce que tu as pris.
Mets tous les samedis soirs une chemise blanche au pied du mur, vis-à-vis de la cache;
tous les dimanches matins, tu trouveras à la place la chemise sale de la semaine. »
Ainsi fut fait; l'année suivante, le dimanche des Rameaux, à l'instant précis où le prêtre s'arrêtait à la porte de l'église, la muraille s'entrouvrit de nouveau.
La mère courut reporter le trésor à sa place, reprit son fils, et la muraille se referma pour toujours.
Quant à l'enfant, il avait grandi, profité, et se portait à merveille.

 

Presque tous les anciens châteaux passent pour avoir eut des oubliettes;
dans les parties basses de simples manoirs, comme celui de la Morlaye en Saint-Aubin d'Aubigné, qui fut une des résidences du conteur Noël du Fail, on montre encore les lames de fer qui hérissaient le fond et les parois de la pièce à laquelle on donne cette attribution;
à Kertanouarn, on fit voir à, Souvestre la basse fosse humide que traverse une immense poutre garnie d'anneaux auxquels le seigneur attachait ses prisonniers.
Lorsque les marquis du Bordage voulait enfermer quelqu'un dans leurs oubliettes, ils l'invitaient à venir visiter leur château et ils le promenaient partout;
à un certain endroit, une planche basculait au moyen d'un mécanisme que le maître connaissait, et l'homme y était précipité.

 

Lorsqu'on rencontre des débris humains dans des parties basses ou cachées des châteaux, il n'est pas rare de voir se former aussitôt une légende pour expliquer leur présence.
Au Châtelier, dans le Morbihan, on découvrit sous une trappe un réduit profond et humide, sans portes ni fenêtre, et dans lequel gisaient des ossements dispersés : un squelette était assis dans un coin;
on raconta alors qu'un sire de Malestroit, ayant fait prisonnier un seigneur dont il était à la fois l'ennemi et le rival, l'avait enfermé dans cet affreux cachot, où il avait dû mourir de froid et de faim.

On trouva aussi, en démolissant au château de Launay Mur une vieille cheminée murée, le squelette d'un homme, le casque en tête revêtu de sa cuirasse et l'épée suspendue à son côté;
d'après la tradition, l'ancien seigneur, ayant surprit des signes d'intelligence entre sa femme et l'un des ses hommes d'armes, enferma celle-ci dans une barrique remplie intérieurement de clous et la jeta par-dessus les remparts dans l'étang;
quant à l'écuyer, il fut placé tout vivant et tout armé dans une cheminée du château que l'on mura soigneusement.

 

V - Les environs

Plusieurs légendes parlent des personnages de l'autre monde qui, après s'être montré près des douves de châteaux, s'y engloutissent soudain.
On voit parfois passer, sur le plateau de Montechéroux, un cavalier noir dont le visage est ensanglanté et le front couvert d'un bandeau;
rien n'arrête sa course et une force irrésistible l'attire vers les précipices qui servent de fossés au château, et il y disparaît avec sa monture.

On voit la nuit, dans l'avenue du château du Val Saint-Rieu (C.-d'A.), quatre fantômes noirs retenus par une grosse chaîne;
une jeune fille qui n'a plus de bras les conduit en les faisant passer par les ronces et les épines;
ce sont quatre seigneurs condamnés à cette pénitence pour avoir maltraité les filles et les femmes.
Ils supplient la jeune fille de leur pardonner;
celle-ci, à qui l'un d'eux a fait couper les bras, ne semble pas entendre leur prière, elle les promène à travers les buissons et elle continuera jusqu'au jour du Jugement.

Un prêtre marche lentement la nuit dans les allées désertes du jardin du château de la Fosse à Cahan en paraissant lire son bréviaire avec une grande attention.
Un autre sort vers dix heures du soir, lorsque le ciel n'a ni lune ni étoiles, de l'avenue de la Ville Even en Saint-Potan (C.-d'A.);
son approche est très redoutée, car on entend distinctement le cliquetis de ses os;
il prend la route du Guildo et ne s'arrête qu'à la croix aux Merles;
lorsqu'il y arrive, il se retourne vers ceux qui l'ont suivi, et à la place des yeux on voit dans sa tête de mort, et il disparaît tout à coup.
Personne n'a eu le courage de l'interroger;
il faudrait avoir soin, pour ne pas éprouver quelque mal, de le tutoyer.

 

En Bourgogne, la baronne de Monfort, qui faisait mettre au carcan les gens qui ne la saluaient pas comme elle voulait, erre sous la forme d'une louve que l'on ne peut tuer.

Mélusine qui, après avoir, de colère jeté dans un puits sa servante favorite, s'y précipita de désespoir, se montre souvent autour de son ancien manoir de Maulne et crie en sanglotant :
« Maulne ! Maulne ! tant que Maulne sera, malheureuse serai ! »
elle a pris en haine les habitants de ces contrées;
celui quelle rencontre à l'écart est roué de coups;
celui-là frappé d'un sommeil irrésistible est obligé de passer la nuit dans un fossé.

 

Dans la commune de Poligné, sur la lisière du bois de Ferchaud, se trouve un lieu nommé la Penderie, et il s'y élevait, dit-on, un château, aujourd'hui disparu, habité par un seigneur qui haïssait les blasphémateurs.
Il fit construire une butte entourée d'un fossé pour y placer « sa penderie » et y pendre tous les charretiers qu'il entendait jurer en montant la côte de Mandon.
« Mais à ce compte-là, lui dit son domestique, vous allez dépeupler le pays. »
Reconnaissant la justesse de cette observation, il eut recours à un autre expédient :
il établit, dans le bois de Mandon que traverse la route de Nantes, une forge perpétuellement allumée et un fer toujours chaud avec lequel on perçait la langue des pauvres charretiers.

 

i - Les villes

I - Origine et décadence

Au milieu du XVIIème siècle, Bonaventure des Periers faisait une mordante critique des fables que plusieurs auteurs de son temps avaient adoptées relativement à l'origine des villes, et aux circonstances dans lesquelles elles avaient pris leurs noms.
Plusieurs de ces étymologies étaient fondées sur des jeux de mots, et on en retrouve un certain nombre dans des légendes postérieures, ou dans d'autres, recueillies de nos jours, qui ne sont parfois que semi-populaires.

On raconte en Champagne que Nogent-sur-Seine s'appelait autrefois Richebourg;
un jour que cette ville était assiégée et allait succomber, l'évêque de Troyes qui y commandait s'étant écrié :
« Mon Dieu ! ayez pitié de nos gens ! », sa prière aurait été exaucé par la déroute des ennemis et la ville en aurait conservé le nom de Nogent.

Quand Jésus créa le monde, il se promenait à travers l'espace laissant tomber la terre de ses mains.
Arrivé près de Saint-Brieuc, il s'aperçut que sa provision s'épuisait, et il dit : « Cessons. »
Il fit néanmoins encore un pas, mais quand il ouvrit la main, il vit qu'elle était vide et il s'écria : « Plus rien ! »
D'où le nom des communes voisines de Cesson et Plurien.

Mandeure s'appelle en patois Maindeure, ou Maindure : le peuple prétend que César, se trouvant en ce lieu et voulant corriger sa femme, lui dit en la fouettant vigoureusement :
« Attends, î m'en vais te fare ai vor s'i î ai la main deure ! »

 

Un blason populaire explique ainsi l'origine de la naïveté proverbiale attribuée aux habitants d'une petite ville :
« Le peuple provençal tient pour certain que, quand Dieu sema les badauds, le sac se creva au-dessus de Tarascon, et y répandit d'innombrables graines qui ont abondamment fructifié depuis. »

 

Le dicton comparatif :
« Il est comme la ville de Briards, il périt tous les jours d'un denier »
usité en Normandie, fait allusion à une légende.
Un ermite qui habitait auprès avait un âne, qui allait de lui-même quêter de porte en porte pour son maître malade;
un jour, des méchants lui enlevèrent le produit de sa quête, et y substituèrent un fardeau si lourd de pierres que le malheureux baudet gravit avec peine le rocher de l'ermitage et vint expirer aux pieds de l'ermite.
Celui-ci quitta peu après la contrée après l'avoir maudite, et depuis chaque jour la cité des Briards dépérit.
Lorsqu'on demande aux gens pourquoi sur la route on aperçoit tant de maisons en ruines, ils répondent invariablement par ce dicton connu à dix lieues à la ronde :

La ville des Briards
Décadit tous les jours d'un liard.

 

Trois femmes du nom de Marie survécurent seules à une épidémie qui éclata au hameau des Trois Maries, à Saint-Martin de Sallen, jadis chef-lieu d'une paroisse.

 

Des prophéties indiquent le genre de catastrophe qui détruira des villes;
les suivantes sont fondées sur la situation de celles qu'elles visent.
Egletons doit périr par le feu, parce qu'étant située sur un lieu élevé, il y fait beaucoup de vent, ce qui rend les incendies terribles, Tulle par l'eau, à cause des ravages produits par la Solane et la Corrèze;
la ville de Corrèze est éloignée de cours d'eau.
On dit en Haute-Bretagne, que Saint-Malo, dont le système d'égouts est défectueux, éprouvera le même sort que Corrèze.
Dijon périra par Suzon, rivière qui passe en terre sous Dijon même, et qui un jour en minera les assises de sorte qu'elle s'abîmera tout entière.

 

II - Les hantises

Au XVIIème siècle, le Moine bourru, ou le moine gris se montrait la nuit dans les rues de Paris, et tordait le cou aux personnes qui avaient la curiosité de mettre le nez à la fenêtre.

 

Dans les archives de la ville de Vevey, il est fait mention d'un servant « esprit follet » ou « tschauteret » qui, au milieu du XVIème siècle et spécialement en 1551, habitait derrière la Villeneuve et entrait dans la tour de Bollet, où il se livrait à toute espèce de farces, de tapages et de malice.
Le conseil de la ville, après grave et mûre délibération, donna ordre au maître des travaux de « maçonner toute issue de la susdite tour » afin que le tschauteret ne pût pas y entrer s'il était dehors et ne pas en sortir s'il était dedans.

 

Bien que les esprits, qu'ils se rattachent à la féerie, au monde infernal ou à celui des revenants, affectionnent les endroits solitaires, ils manifestent parfois leur présence au milieu des villes;
les plus peuplées, les plus sceptiques, comme Paris, ont eu, à diverses reprises, et à des époques très rapprochées de nous, des maisons que l'on a supposées hantées.
Dans des cités de moindre importance, il en est qui ont été abandonnées par la crainte des esprits;
l'une d'elles, dans la rue principale d'Anthume, ne put être louée pendant plus de trente ans, parce qu'on assurait que le diable y revenait et qu'il tirait par les pieds ceux qui avaient l'audace de lui en disputer la jouissance.

A Vitré une maison est inhabitée depuis un temps immémorial :
dans l'une des pièces se trouve un puits d'où sort un démon qui a terrifié tous ceux qui ont essayé d'y passer la nuit.

Ce sont surtout les revenants qui se montrent ou qui, plus habituellement, produisent des bruits extraordinaires;
A Menton une dame parait dans une maison avec sa tête sous le bras, depuis qu'un ouvrier, en faisant des fouilles sur son emplacement, décapita accidentellement le cadavre que renfermait un tombeau de l'époque romaine.

A Nantes où l'on connaissait plusieurs maisons hantées, un bruit extraordinaire paraissait sortir d'un mur près duquel s'appuyait le lit de deux jeunes mariés;
le mari fouilla le mur et y trouva une excavation pleine d'ossements;
ils furent transportés au cimetière et tout bruit cessa.

Sur une place de la même ville, une fort belle maison était appelée la « Maison des revenants », parce que personne ne pouvait et ne voulait y rester à cause d'un bruit qu'on entendait la nuit.
Elle finit par trouver un acheteur et l'on reconnut que le bruit mystérieux venait tout simplement d'une source qui coulait dans les fondations.

 

Des animaux diaboliques ou fantastiques se promenaient dans les villes.
A Quimper, à la fin du XVIIIème siècle, où il tombait souvent des gens dans la rivière, alors dépourvue de garde-fous, les vieilles et les enfants supposaient que le diable, sous la forme d'un gros chien noir, précipitait les passants dans l'eau.

 

Au commencement du XIXème siècle la Grand'Queue courait par les rues du Loroux-Botteraux (Loire-Inf.) et passait sa queue sous les portes des maisons généralement assez mal closes.
Les enfants en avaient tellement peur qu'ils n'osaient plus jeter les yeux sur la porte quand venait le soir.

 

Certains noms de lieux ou de rues avaient une origine légendaire, ou parfois la légende était faite après coup pour les expliquer.
Suivant une vieille tradition, la peste qui sévissait à Perpignan cessa à l'apparition d'un ange armé d'un glaive, qui se montra à l'extrémité de la rue qui a pris, en raison de cette circonstance, le nom de rue de l'Ange.

Une rue de Dôle s'appelait rue de la Diablerie, en souvenir de l'aventure de douze jeunes libertins qui, déguisés en diables un jour de Mardi gras, allèrent se divertir dans un mauvais lieu et furent tout ébahis de voir qu'ils étaient treize au lieu de douze.
Ils voulurent chasser ce treizième, mais ils ne purent jamais se défaire de lui.

Le peuple de Paris « qui vouloit à toute force que le nom de la rue aux Oues fût Ours, assuroit qu'anciennement on y gardoit et vendoit des ours, et pour preuve montre là un logis à porte cochère, entre la rue Salle-au-Comte et la rue Quincampoix, où au-dessus de la porte, à l'arcade, est un ours sculpté.
Bien plus, il assure que la plupart des caves, tant de cette maisons que des autres voisines, sont faites comme des caveaux ou cavernes, avec des anneaux de fer tout autour, scellés dans les murailles et là dessus conclut qu'elles n'ont été faites ainsi que pour y mettre des ours ».

 

Une légende, qui s'attache à plusieurs villes, raconte que des maisons furent démolies à la suite de crimes commis par des charcutiers qui servaient de la chair humaine à leurs clients.
La plus connue est celle que l'on avait localisée à Paris, dans une rue de la Cité :
« C'est de temps immémorial, dit un vieil historien, que le bruit a couru qu'il auoit ruë des Marmousets, vn pâtissier meurtrier, lequel ayant occis en sa maison vn homme, aydé à ce par vn sien voisin Barbier, faignant raser la barbe;
de la chair d'icelluy faisoit des pastez.
et que cela ayant esté descouvert, la Cour de Parlement ordonna qu'oultre la punition du Pâtissier, sa maison seroit razee, et outre ce vne pyramide ou colonne erigee audict lieu, en mémoire ignominieuse de ce detestable forfaict : de laquelle reste encore part et portion en ladicte ruë des Marmousets. »
Cette historiette avait plusieurs variantes.
Un écolier qu'on avait vu sortir de ce logis tout sanglant raconta que le barbier l'avait attiré chez lui en promettant de le raser gratis, et qu'au moment où le barbier l'avait blessé, il avait pu le saisir à la gorge, et le précipiter dans une trappe ouverte.
On vit en entrant qu'elle était refermée, et quand on descendit dans une cave commune aux deux boutiques, on surprit le pâtissier occupé à dépecer le corps de son complice qu'il n'avait pas reconnu.

On racontait, il y a une quarantaine d'années, dans le quartier Saint-Sulpice de Paris, qu'un charcutier avait égorgé des petits enfants, et qu'une femme trouvant un petit doigt dans une saucisse en avertit les magistrats qui arrêtèrent le coupable.


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