Origine : Haut-Vivarais
Année de l'arrangement : 2009


 

L'hirondelle

(Chanson du prisonnier)


Hirondelle gentille,
Voltigeant à la grille
Du cachot noir,
Vole, vole sans crainte
Autour de cette enceinte;
J'aime à te voir !

 

2.
Légère, aériene,
Sous ta robe d'ébène,
Lorsque le vent
Soulève sous ta plume
Comme un flocon d'écume
Ton corset blanc.

 

3.
D'où viens-tu ? Qui t'envoie,
Portant si douce joie
Au prisonnier ?
Viens-tu de la montagne
Aux riantes campagnes
Où je suis né ?

 

4.
Viens-tu de la Patrie
Eloignée et chérie
Au prisonnier ?
Fée aux luisantes ailes,
Conte-moi les nouvelles
Du vieux foyer.

 

5.
Oh ! dis-moi si la mousse
Est toujours aussi douce
Et si parfois,
Au milieu du silence,
Le son du corps s'élance
Au fond des bois.

 

6.
Si quelque ombre de femme,
Pensive comme une âme,
Ne s'en vient plus
Prier à la chapelle,
Lorsque la cloche appelle
A l'Angélus.

 

7.
Dis-moi si l'homme espère
Encor sur cette terre
Quelques beaux jours;
Si la blanche aubépine,
En haut de la colline,
Fleurit toujours.

 

8.
Il fait froid, la nuit sombre,
Le vent souffle dans l'ombre
De ma prison.
Hélas ! pauvre petite,
Il fait froid, entre vite
Au noir donjon.

 

9.
Tu t'envoles, j'y songe,
C'est que tout est mensonge,
Espoir heurté.
Il n'est en cette vie
Qu'un bien digne envie :
La LIBERTE !


Source : Joannès Dufaud "Chansons anciennes du Haut-Vivarais" volume I page 80

Chanson transmise à Dufaud par J. Delhomme qu'il tenait de son grand-père Auguste Astier du Crouzet, non loin de Louvesc.