— Oh ! dis-moi donc, ma Rosalie,
Quand nous étions dans la prairie,
Tu m'avais dis plus de cent fois :
Galant, mets-moi la bague au doigt !

 

— Quand tu étais dans la prairie,
Tu étais un garçon sans malice;
Mais à présent que tu es grand,
Je te connais garçon méchant.

 

— N'en suis-j' pas beau, n'en suis-j' pas riche,
N'en suis-j' pas garçon sans malice,
N'en suis-j' pas doux et gracieux,
La bell', pour plaire à tes beaux yeux ?

 

— Que t'en sois beau, que t'en sois riche,
Que t'en sois garçon sans malice,
Que t'en sois doux et gracieux,
Jamais tu n'auras mes beaux yeux.

 

— Adieu donque, ma Rosalie,
Moi qui te prenais pour ma mie !
J'irai prier dans un couvent
Pour que change ton sentiment.

 

— Tu peux aller dans une église
Et prier la Vierge Marie !
Tu peux prier soir et matin,
Jamais changera mon destin.

 

— Eh bien ! j'irai de ville en ville
Faire l'amour à d'autres filles.
Si d'autres fill's sont comme toi,
Je m'en irai servir le roi !