Origine : Catalogne, Cerdagne
Année de l'arrangement : 2007


 

L'hereu Riera (L'héritier Riera)


Per a Sant Antoni
grans balles hi ha;
per a Sant Maurici
tot el poble hi va.

Tra la ra la…

 

2.
N'hi van tres donzelles,
són de l'Empordà ;
l'una diu a l'altra :
— I a tu qui et traurà ?

Tra la ra la…

 

3.
— Anem, donzelletes,
anem a ballar,
que l'hereu Riera
ens hi farà entrar !

Tra la ra la…

 

4.
La primera dança,
la'n treu a ballar ;
la segona dança
la nova arribà :

Tra la ra la…

 

5.
— Ai bé, hereu Riera,
ja pots ben ballar,
que la teva aimada
a la mort està !

Tra la ra la…

 

6.
Tota la musica,
de cop va parar !
Dóna un tomb per la plaça
barret a la mà.

Tra la ra la…

 

7.
— Perdonin, senyores,
que me'n tinc d'anar ;
que la meva aimada
a la mort n'està !

Tra la ra la…

 

8.
Se'n va dret la casa,
on solia anar ;
se n'entra cap dintre,
sens dir-ne qui hi ha.

Tra la ra la…

 

9.
Tot pujant l'escala
la sent sospirar.
— Déu vos guard, Maria ...
Maria com va ?

Tra la ra la…

 

10.
— Per a mi, hereu Riera,
molt malament va :
febre nit i dia,
que em cuida matar !

Tra la ra la…

 

11.
— Tinc una germana,
t'hi podràs casar.
Si ella no t'agrada
pel món prous n'hi ha !

Tra la ra la…

 

12.
— Les joies que porto
li podràs donar.
— No estie per germanes,
que amb tu em vull casar !

Tra la ra la…

 

13.
Se'n gira la cara,
i es posa a plorar ;
davant d'un Sant Crist
es va agenollar !

Tra la ra la…

 

14.
— Ai Déu que m'ajudi,
si em vol ajudar,
torneu-me l'aimada
que a la mort està !

Tra la ra la…

 

15.
Al cap de nou dies
Maria es llevà :
a les tres semanes
ja es van casar !

Tra la ra la…


Source : Chansons populaires catalanes, (2e série) Revue Terra Nostra, page 46

Origine : Jean Poueigh, Chansons populaires des Pyrénées françaises, page 177

Cette mélodie, très populaire, est aussi le thème d'une danse un ballet, que l'on peut encore voir les jours de fête.

Un jeune homme, nommé Riera, fils aîné, donc l'héritier (l'hereu) d'une très bonne maison, va se marier..
Pour enterrer sa vie de garçon, il s'en va à la fête du village voisin.
Toutes les jeunes filles veulent danser une dernière fois avec lui. Au cours d'une danse, on vient lui annoncer que sa fiancée est malade et même sur le point de mourir.
Il laisse tout le monde, se précipite à son chevet, la réconforte, prie une statue du Christ, et avec une telle ferveur qu'il obtient la guérison de sa bien-aimée.
Alors fou de joie il pose la Croix par terre, dansant tout autour sans jamais la toucher.
De là l'autre nom de ce ballet connu aussi sous le vocable de ball de la Creu.

 

Traduction littérale de J. Poueigh : (avec un texte légèrement différent)

Pour la Saint-Antoine
Il y a un grand bal,
Pour la Saint-Maurice
Tout le monde y va
Tra la la…

Y vont trois donzelles,
Qui sont (du pays) de l'Ampurda;
L'une dit à l'autre :
Et à toi qui te prendra (pour danser) ?

Allons, mes demoiselles,
Allons danser;
L'héritier de Riera
Nous fera entrer (dans la ronde).

Dès la première danse
Arrive une nouvelle :
Ma foi, héritier de Riera,
Tu peux bien danser,

Ton amante se meurt.
Toute la musique,
Du coup s'est arrêtée.


Excusez-moi, demoiselles,
Je suis obligé de partir
Puisque mon amante
Se meurt.

Prend son bâton,
Et le passe à son bras;
Prend son chapeau
Et s'en va par la place;

Fait le tour de la place,
Son chapeau à la main;
Puis s'en va droit à la maison
Où il a coutume d'aller.

Il rentre tout droit
Sans demander
« Qu'y a-t-il ? »
Tout en montant l'escalier,
Il entend gémir.

Dieu vous garde, Marie !
Marie, comment allez-vous ?
— Quant à moi, Riera,
Cela va très mal.

Fièvre nuit et jour
Qui me cuide à mourir.
Tourne ses yeux vers la terre,
Et se met à pleurer :

J'ai une cousine, (continue-t-elle)
Tu pourras l'épouser;
Si elle ne te plaît pas,
Il n'en manque pas d'autres par le monde.

Les joyaux que je porte,
Tu pourras les lui donner;
A la Vierge du Carmel
Je vais faire une prière

Que si Elle me guérissait
J'irai en pèlerinage.
— Quant à moi, Marie,
Je n'en prendrai pas d'autre (que toi).

Il se retourne
Et va à l'église;
Devant le Saint Christ
Il va s'agenouiller.

Que le seigneur m'aide
S'il daigne me secourir,
Qu'il me rende mon aimée,
Qui est à la mort !

Après neuf jours
Marie fut sur pied;
Au bout de trois semaines
Ils s'épousèrent.