Origine : Suisse romande (Genève)
Année de l'arrangement : 2004


 

Chanson de Jean Renaud


Quand Jean Renaud de guerr' revint
Tenant ses tripes dans ses mains,
Sa mère à la fenêtre en haut
Dit : voici v'nir mon fils Renaud.

 

2.
— Renaud, Renaud, réjouis-toi,
Ta femme est accouchée d'un roi.
— Ni de ma femm' ni de mon fils
Mon cœur ne peut se réjouir.

 

3.
Je sens la mort qui me transit,
Mère, faites dresser un lit;
Mais faites-le dresser si bas
Que ma femme n'entende pas.

 

4.
Et quand ce fut vers la minuit,
Jean Renaud a rendu l'esprit.
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5.
— Ah ! dites-moi, mère, ma mie,
Ce que j'entends clouer ici ?
— Ma fille, c'est le charpentier
Qui raccommode l'escalier.

 

6.
— Ah ! dites-moi, mère, ma mie,
Ce que j'entends chanter ici ?
Ma fille, c'est la procession
Qui fait le tour de la maison.

 

7.
— Ah ! dites-moi, mère, ma mie,
Ce que j'entends pleurer ici ?
— C'est la voisine d'à côté
Qui a perdu son nouveau-né.

 

8.
— Ah ! dites-moi, mère, ma mie,
Pourquoi donc pleurez-vous aussi ?
— Ma fille, ne le puis cacher,
Renaud est mort en vérité.

 

9.
— Ma mère, dit's au fossoyeux
Qu'il creuse la fosse pour deux,
Et que le trou soit assez grand
Pour qu'on y mette aussi l'enfant.

 

10.
Terre, ouvre-toi, terre, fends-toi,
Que j'aill' rejoindr' Renaud mon roi !
Terre s'ouvrit, terre fendit,
Et la belle rendit l'esprit.


Source : Arthur Rossat - Les chansons populaires recueillies dans la Suisse romande, tome I page 30

Notée par Mme A. Colomb-Penard, Genève.
(Chanson de ses deux aïeules nées vers 1795.)

 

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