Origine : Marine à
voiles
Année de l'arrangement : 2004
Les pêcheurs de Groix
(chanson du gaillard d'avant)*
Nous étions deux, nous étions trois (bis)
Nous étions trois marins de Groix !
Mon tra déritra la la la
Mon tra déritra la lè è è re.
2.
Mon matelot, le mousse et moi (bis)
Embarqués sur le Saint-François !
Mon tra…
3.
Vint à venter grains de noroît (bis)
A faire céder notre mât !
Mon tra…
4.
Jean-Pierre, dis-je, matelot (bis)
Serrer d'la toile qu'il nous faut !
Mon tra…
5.
Ce failli temps mollira pas (bis)
Je prends la barr' vas-y mon gas !
Mon tra…
6.
Il est allé pour prendr' un ris (bis)
Un coup de mer l'aura surpris !
Mon tra…
7.
Au jour j'ai revu son sabot (bis)
Il flottait seul là-bas sur l'eau !
Mon tra…
8.
Il n'a laissé sur not' bateau (bis)
Qu'un vieux bonnet et son couteau !
Mon tra…
9.
Plaignez d'mon pauvre matelot (bis)
Sa femme avec ses trois petiots !
Mon tra…
Source : A. Hayet - Dictons tirades et chansons des anciens de la voile, éd. Denoël (1971) repris des éd. Eos de 1927
Voir d'autres versions de ce chant :
J'étions trois matelots du roi n° 1695 page 85
Les trois matelots de Groix n° 2012 page 101
Les chansons du gaillard d'avant ne sont pas spécialement composées pour appuyer ou stimuler l'effort des matelots.
Ce sont plutôt des chansons de repos.Un rythme extrêmement lent les caractérise.
Très mélodieuses, elles sont empreintes d'une profonde mélancolie, et « l'histoire » développée dans la suite des couplets est toujours navrante.En accomplissant soigneusement sa tâche ou en fouillant attentivement les flots et l'horizon, il se laisse à « penser à sa famille ».
« Penser à sa famille », en style maritime, c'est être, en pensée, absent du bord.
C'est rêver aux joies du séjour à terre entre deux campagnes ;
à ceux et à celles que l'on a quitté et que l'on retrouvera, ou que l'on ne retrouvera plus ;
c'est remonter insensiblement le cours des années écoulées en se livrant à l'envahissement des souvenirs doux ou amers ;
c'est réaliser que, voué à la mer inexorable, il ne faut espérer que d'innombrables jours de misère, que ne pourront jamais compenser les exceptionnelles trêves dans la lutte, les enchantements des retour, les plus violents plaisirs des escales trop brèves.Alors, le matelot solitaire « qui pense à sa famille… » s'attendrit, dépouille pour quelques instants sa brutalité et sa grossièreté et, dans sa détresse passagère, doucement chante, le cœur amolli, quelques couplets naïfs et touchants, que chantent aussi les filles de son village… là-bas, sur la grève bretonne ou sur une plage basque.
(Armand Hayet, Chansons de bord, extraits)