Les garçons amoureux, grand Dieu qu'ils ont de la peine,
Se sont levés deux heures avant le jour,
C'était pour aller faire l'amour.

 

Moi je m'y suis levé pour aller voir la mienne.
Je lui ai dit : — Salut, tout en entrant,
Où est ma mie que j'aime tant ?

 

Son père m'a répondu ces paroles de tristesse :
— Elle est là-haut, là-haut de sur son lit,
Mais je crois bien qu'elle va mourir.

 

Il faut aller chercher-t-un médecin de ville,
Un médecin de Nantes ou de Paris,
Pourvu que ma mie soit guérie.

 

Ce médecin tarda, l'on fut à sa rencontre :
— Beau médecin, pressez, pressez vos pas,
Puisque ma mie est au trépas.

 

Quand le docteur arrive, la belle n'était point morte.
Elle attira sa main blanche de son lit
Pour dire adieu à son ami.

 

— Adieu mon bel ami, — Adieu ma belle amie,
Si Dieu aurait voulu, j'aurions vécu-z-ensemble,
J'aurions vécu d'une si grande amitié
Mais la mort vint nous séparer.

 

Ma mère, enlevez-moi la soie de mes manchettes.
Enlevez-moi la soie et le velours,
Puisque ma mie finit ses jours.

 

— Si ta mie, elle est morte, l'y en a d'autres en France.
L'y en a tant de ces filles marchandes
Qui ont tant d'or et tant d'argent.

 

— De ces filles marchandes, ma mère, j'm'en soucie guère.
J'aim'rais bien mieux celle que j'aimais tant,
Et qui décède en ce moment.