Origine : Bourgogne
Année de l'arrangement : 2007
Noël mâconnais
Benoît
Lève-toi donc, Denis,
Mon ami,
Et lève-toi donc vite;
Prends ta culotte et ton habit,
Avec ton tablier.
Lève-toi donc, Denis,
Mon ami,
Et lève-toi donc vite.
Denis
Vous êtes bien en train
Du matin;
Que voulez-vous donc faire ?
Nous aurons bien le temps demain
Pour travailler tous deux.
Vous êtes bien en train
Du matin;
Que voulez-vous donc faire ?
Benoît
C'est pour te faire voir
Une chose
Que tu ne peux comprendre;
Quand tu y'auras vu z-une fois,
T'y sauras comme moi.
Denis
Père, y-é-t-il l'soleil
Qu'est chez nous,
Qui fait tant de lumière ?
Je ne croyais pas qu'il fût jour,
Tant j'ai sommeil encor'.
Benoît
Tu le verras tantôt,
Et plus tôt,
Si tu as un peu d'âme :
C'est le bon Dieu qui vient vers nous
Pour nous sauver tertous.
Denis
Mon Dieu ! qu'est-ce donc là
Que j'entends ?
N'est-ce pas un miracle !
Il y a la-haut bien d'enfants
Qui chantent dans le ciel.
Benoît
C'en est, Denis, un grand,
Oui vraiment,
Bien plus grand que les autres :
Un Dieu pour nous se faire enfant…
Que veux-tu de plus grand ?
Denis
Il m'y faut donc aller
Tout de suite
Pour voir cett' grande fête !
De quel côté faut-il passer
Pour ne pas m'égarer ?
Benoît
N'y va pas sans présent,
Mon enfant,
Puisque c'est notre maître.
Mène avec toi ton frère Jean,
Qu'il en porte z-autant.
Denis
Comment s'appelle-t-il ?
Dites-moi :
Où est-ce qu'il demeure ?
Si c'n'est plus monsieur Laborier,
Et qu'vous l'ayez changé.
Benoît
Hélas ! qu'ça fait pitié
Pour celui
Qui n'apprend pas à lire !
T'ai-je pas dit que le bon Dieu
Demeure en tous pays ?
Denis
Je voulus bien dans le temps,
Bravement
M'en aller à l'école;
Mais il fallut aller aux champs,
Vous savez bien comment.
Benoît
Ecoute donc, Denis,
C'est bien dit,
Je te le vais apprendre;
Et puis, quand tu l'auras appris,
Tu le diras à Louis.
Benoît
Nous sommes tous bien nés
Fils maudits
D'Adam, le premier homme,
Qui par amour avait mangé
Ce qu'on lui défendit.
Benoît
Mais celui qui nous fit
Comme lui,
Nous promit un messie
Qui serait sûrement son fils.
Les prophètes l'ont dit.
Benoît
Depuis ce pauvre temps,
Les enfants
De ce mangeur de pomme,
En pleurant et se lamentant,
N'étaient jamais contents.
Benoît
C'est pour ça qu'aujourd'hui
De Jésus
Nous avons la fanfare.
Les anges que t'as entendus
Ont dit qu'il est venu.
Benoît
Mais ne sois pas,Denis,
Ebaudi
Si tu le vois bien pauvre;
S'il vient nous apprendre à gémir,
Il souffre le premier.
Benoît
Tu verras en ce lieu
Un gros bœuf
Et avec lui un âne;
Pour l'échauffer, faute de feu,
Ils soufflent tous les deux.
Benoît
Denis, quand t'y seras,
T'y feras
Une grand' révérence;
Tu tiendras à bas ton chapeau,
En voyant son berceau.
Benoît
Tu diras à Joseph
S'il te plaît,
Comme à sa brave femme,
Que je n'ai pu t'y mener,
Tant j'ai mal aux jarrets.
Denis
Père, à Dieu j'vous r'commande;
C'est bien temps :
D'y aller je m'empresse.
Prenez patience en m'attendant;
J'y vais toujours courant.
Source : V.-F. Verrimst "Rondes et chansons populaires", page 364