Origine : Bretagne (Loudéac)
Année de l'arrangement : 2018

 

L'âne de Marion


Quand la belle au moulin s'en va,
Ell' n'va ni à pied ni à ch'va,
Ell' s'en va sur son âne,
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
Elle s'en va sur son âne Martin
En allant au moulin.

Le meunier qui la voit venir
De rire ne peut se tenir :
— Attachez là votre âne
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
Attachez là votre âne Martin
A la port' du moulin.

Tandis que le moulin moulait
Le meunier la bell' caressait
Le loup a mangé l'âne ;
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
Le loup a mangé l'âne Martin
A la port' du moulin.

— Tenez, la belle, vlà cent écus,
De votre âne ne parlons plus,
Pour ach'ter un autre âne
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
Pour ach'ter un autre âne Martin
Pour venir au moulin.

Quand son père la vit venir
De pleurer ne put se tenir :
— Ce n'est pas là notre âne
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
Ce n'est pas là mon âne Martin
Qui revient du moulin.

Mon âne avait les quatr' pieds blancs
Et les oreill's en rabattant
Le bout de la queue noire
A boire ! à boire ! à boire !
Le bout de la queue noire, Martin,
En allant au moulin.

— Mon père a bu du vin nouveau
Qui lui a troublé le cerveau,
I n'connaît plus notre âne
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
I n'connaît plus son âne Martin
Qui revient du moulin.

Voici le joli mois d'avril
Où les ânes changent d'habits
De même a fait notre âne
A l'âne ! à l'âne à l'âne !
De même a fait notre âne Martin
A la port' du moulin.

 

(Variante du couplet 6 par les pêcheurs)

Mon âne avait les quatre pieds roux,
Et les oreilles comm' nos péchoux,
Le bout de la queue noire,
A boire ! à boire ! à boire !
Le bout de la queue noire Martin
En allant au moulin.


Source : Eugène Rolland, Recueil de chansons populaires, t II page 182

Chanson recueillie par M. Rousselot en 1855 à Loudéac.
Poés. pop. de la France.
Mss de la B. N., t. IV, fet 427 et t. V, fet 204.

"Cette chanson très populaire sur le littoral des Côtes du Nord est aussi chantée à Terre-Neuve
par les pêcheurs de morue pendant qu'ils préparent ce poisson et pour demander à boire…"
(E. Rolland)