Origine : Corse
Année de l'arrangement : 2017
Dal mio palazzu
(De mon palais)
Dal mio palazzu
Cupertu a verde fronde,
Sulla tasciana,
Niente si nasconde,
Vedu Carbini e Levie
etc.
traduction
De mon palais,
Du mont Tasciana,
Aux vertes frondaisons,
Je vois Carbini et Levie,
J'aperçois Porto-Vecchio
Je distingue la mer,
En méditant sur ma destinée,
L'esprit reste confondu.
2.
Ainsi pensif,
Sevré de toute joie,
Je veux épancher ma douleur,
En un chant plaintif,
Pauvre Camille (Jean)
Dès le début de mon lamento,
Je vous prie vous tous qui m'écoutez,
D'avoir de l'indulgence pour mon talent.
3.
Je suis bandit
Dans la fleur de l'âge
A cause de mon frère,
Mort au milieu d'affreux tourments,
Après qu'on l'eut tué,
On le jeta au feu tout habillé,
Mais j'espère que chacun dira
Que je naquis avec des défenses de fauves.
4.
Mon malheureux frère
Napoléon,
S'était amouraché
D'une jeune fille,
Puis il s'en alla à Bastia
Avec l'objet de ses vœux.
Il ne commettait aucun délit
Puisque l'enlevement était volontaire.
5.
Je suis malheureux,
J'habite la forêt,
Exposé aux rigueurs de l'hiver
Et je suis toujours errant
Et solitaire.
Dites-moi
un peu si c'est une vie,
D'avoir la nuit,
Une pierre pour oreiller ?
6.
Aussi exposé aux froidures
Au moment de m'assoupir ,
Une voix me dit :
Prends ta carabine,
Tu as devant toi tes ennemis,
Et Delbos* s'approche,
Si tu n'es pas sur pied,
Ta ruine
est consommée.
7.
Rapidement, je veux
Dire avec la rapidité du vent,
Je mets genou à terre,
Puis je sens mon cœur qui bat,
Le canon de mon fusil dirigé dans les ténèbres
Je crois que c'est le moment
De montrer mon courage, car la mort
Ne me cause pas la moindre épouvante.
8.
Mais je me réveille,
Et je n'éprouve aucune frayeur.
Un arbrisseau
Me sert de toit,
Je suis sur la terre nue,
Sans lit, sans feu,
Et le chant du hibou
Est mon seul agrément.
9.
A l'aide d'arguments spécieux,
Le père de la jeune fille
Fit mettre mon frère en prison.
Or voyez un peu,
S'il en avait le motif,
Connaissant, comme il les connaissait
Les sentiments de sa fille.
10.
Cet homme cruel
Préféra envoyer tout à la ruine,
Il enferma sa fille dans une chambre
Où elle était battue
Matin et soir,
Puis il tua mon frère
D'un coup de carabine.
Source : Joseph Canteloube - Anthologie des Chants Populaires Français, t. 1 page 372
Origine : Xavier Tomasi, Les chansons de Cyrnos, page 119.
"Célèbre complainte de Jean-Camille Nicolaï de Carbini qui réalisa l'idéal du bandit romanesque corse,
à peine âgé de vingt ans et qui fut populaire dans l'île en 1888."
* Delbos : maréchal des logis de gendarmerie.