La légende de Saint-Nicolas
2.
— Entrez, entrez, petits enfants,
Y a de la place, assurément.
Ils n'étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en p'tits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.
3.
Saint-Nicolas, au bout d'sept ans,
Vint à passer dedans ce champ;
Il s'en alla chez le boucher :
— Boucher, voudrais-tu me loger ?
— Entrez, entrez, Saint-Nicolas,
De la place il n'en manque pas.
4.
Il n'était pas sitôt entré
Qu'il a demandé à souper.
On lui apporte du jambon,
Il n'en veut pas, il n'est pas bon.
On lui apporte du rôti,
Il n'en veut pas, il n'est pas cuit.
5.
— De ce salé, je veux avoir,
Qu'y a sept ans qu'est dans l' saloir.
Quand le boucher entendit ça
Hors de sa porte il s'enfuya :
— Boucher, boucher, ne t'enfuis pas;
Repens-toi, Dieu t' pardonnera.
6.
Saint-Nicolas pose trois doigts
Dessus le bord de ce saloir :
— Petits enfants qui dormez là,
Je suis le grand Saint-Nicolas.
Et le grand saint étend trois doigts,
Les p'tits se relèvent tous les trois.
7.
Le premier dit : — J'ai bien dormi.
Le second dit : — Et moi aussi.
Et le troisième répondit :
— Je croyais être en Paradis !
Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs…
Source : Roland Sabatier Le livre des chansons de France t.1 page 67