Cette biographie a t critepar son fils Andr. Elle a t reproduite dans Ç La fin de la rabina È, nĦ33de fvrier 1988, pages 14 16.
Franois Jrme MarcelBujeaud naquit le 17 juillet 1834 Angoulme o ses parents taientngociants.
Il commena ses tudes en cette ville, puis entra lĠinstitutionLoriol Paris, en vue de prparer lĠEcole Navale.
Aprs avoir chou auconcours dĠentre de cette cole (1852), il alla terminer ses tudes Bordeauxet dcid passer ses examens de Mdecine, il se fit admettre aux concours delĠEcole Navale de Mdecine et de Pharmacie de Rochefort (1856) puis ceux dela Facult de Mdecine de Paris.
CĠest cette date que remontent ses dbutsdans les lettres, par sa collaboration des feuilles du quartier et quelquesjournaux de province. Ses amitis et particulirement son intimit avec EdouardGrimaux, le futur chimiste membre de lĠInstitut, alors pharmacien de marine,lĠattirrent en Vende o il sĠprit de la belle-sÏur de son ami Mlle LouiseBoutet, quĠil pousa en 1859.
Ds lors renonant tudierla Mdecine, et fix prs de ses beaux-parents Sainte-Hermine, il embrassadfinitivement la carrire littraire et ds 1860 fit diter sa premire Ïuvre,Ç Un drame dans la charmille È (Monaco 1860) parue prcdemment dans le ÇJournal de Monaco È.
Tire un petit nombre dĠexemplaires qui ne furent paslancs dans le commerce, elle fut rdite Nantes en 1861.
En 1863 parut unroman : Ç Jacquet-Jacques È, (Paris Hetzel 1863).
Dans cette tude des mÏursvillageoises de la Charente, il rvlait son got pour lĠtude des gens descampagnes, got qui se manifesta surtout par le travail considrable et capitalquĠil fit paratre en 1864 sous les auspices de la Socit de Statistique,Sciences et Arts du dpartement des Deux-Svres.
Le recueil des Ç Chants etchansons populaires des provinces de lĠ Ouest È fut une Ïuvre trsconsciencieusement travaille et mrie, trs documente aussi, qui posa du coupJrme Bujeaud parmi les premiers folkloristes.
Ses amis, ses parents, furentpour lui des collaborateurs intelligents et dvous qui lui signalaient lesnombreuses chansons venues leur connaissance ; Madame Bujeaud, excellente musicienne, tait une associe extrmement prcieuse qui,recueillant les airs de la bouche mme des paysans, sut admirablement lesinterprter et les traduire dans leur tonalit et leur cadence.
Longtemps mmeelle espra raliser le projet dĠen prsenter un choix en une dition spcialeavec accompagnements ; mais les difficults que les auteurs rencontrrent pourditer ce nouveau recueil firent ajourner sa publication ; chose dĠautant plusregrettable que Madame Bujeaud avait su encadrer ces chansons dans desaccompagnements simples mais charmants de fracheur et absolument en harmonieavec les airs.
En mme temps quĠilsĠoccupait activement de la publication de ses chansons, J. Bujeaud collaborait lĠAlmanach de matre Jacques (Jacques Bujault 1864-1867 ); il sĠintressaitaux tudes historiques et sĠassociait son frre Victor Bujeaud, lĠauteurrudit de Ç la Chronique protestante de lĠAngoumois È pour faire paratre untravail sur Ç la Charente rvolutionnaire È dont la premire partie seule vitle jour (1867) .
Il entrait lĠEncyclopdie Gnrale que venait de lancerLaurent Pichat et y rdigeait un article sur lĠAngoumois (1869). Tous cestravaux, trs apprcis dans lĠOuest par les hommes de lettres et les ruditset plus particulirement sa publication si documente sur les chansons populaires,lĠappelrent faire partie de la Socit des Gens de Lettres et lui firentdcerner les palmes acadmiques (1868).
Mais les dernires annes delĠEmpire furent peu productives chez lui.
Epris depuis sa jeunesse dĠun grandenthousiasme pour les ides rpublicaines ; ayant entendu Paris, alors quĠiltait la pension Loriol, les chos de la lutte de barricades au moment ducoup dĠtat de 1851, ml ensuite une jeunesse enflamme dĠaspirationsgnreuses, il vint par son mariage dans un milieu tout fait propre affermir sa foi.
Sur la fin de lĠEmpire, alors que lĠesprit rpublicain osaitse montrer, que les fondateurs futurs de la Troisime Rpublique, levaient lavoix, lĠhomme de lettres nĠtait plus dispos pour se livrer aux recherches bibliographiqueset sa pense ne pouvait plus retrouver le calme ncessaire la conceptionlittraire.
Et quand, aprs la dclaration de guerre, les premiers dsastressurvinrent, abandonnant tout travail de lĠesprit, impossible dsormais, JrmeBujeaud vint se mettre au service de la Dfense Nationale et fut dsign pourremplir les fonctions de Secrtaire du Comit de Dfense en Vende.
Ds lorsson activit se dploie en des voyages dans toutes les rgions du dpartementafin dĠorganiser des Comits de rsistance. Sans cesse sur la brche malgr larigueur de la saison, il stimule le patriotisme et cherche gagner laRpublique les esprits timors.
A chaque tape il laissait un peu de sa sant ; chaque arrt quelque nouvelle terrifiante de la guerre annonant lesrsultats de lĠinertie ou de lĠincapacit, lui assnait des coups dont il neput jamais se remettre ; et pourtant il tint jusquĠau bout, acceptant mmedĠtre prsent aux lections du 8 fvrier 1871 sur la liste radicale.
Son nomrecueillit l0,000 suffrages, marque dĠestime et dĠapprobation de tous ceuxquĠil avait su convaincre par sa parole et par ses actes. Les tristesses de laCommune furent pour lui la cause dĠune poignante douleur, accrue par lesdangers que courut son collaborateur dvou, son frre Victor, prisonnier destroupes versaillaises.
Et lorsque ces lourdscauchemars se furent vanouis, il se sentit dprim, sans courage pourreprendre ses travaux, lĠesprit incapable de sĠabsorber dans les tudes suiviesauxquelles il dsirait se livrer.
A la veille de la guerre il avait voulucontinuer publier, sous forme dĠalmanach, des conseils utiles pour ledveloppement intellectuel du paysan.
Ce mode dĠaction tait puissant mais il yrenona.
Ses voyages pendant lĠhiver de 1870-71 lui avaient rvl dans quelleignorance profonde de son histoire le Venden tait encore. Il conut alors unebrochure quĠil publia en 1874, Ç Le Paysan de Vende avant 1789 È, pour montrer lĠhomme des campagnes quel tait son sort sous lĠAncien Rgime.
La brochureeut du succs, mais lĠesprit de raction reprenait le dessus ; lĠhomme quisĠtait dvou tait aigri par les revers.
Lass de vivre dans ce milieude province o il ne trouvait plus de sympathie, pouss vers Paris par lancessit de donner une instruction solide ses enfants et par le besoin de seretremper dans un milieu de lettrs et dĠamis partageant ses vues politiques,il quitta la Vende avec sa famille (1874).
A Paris, malgr sa mauvaise sant,il voulut se remettre au travail ; mais combien de dboires lĠattendaient !
Ilchercha sans succs faire paratre dans des journaux ou revues des Ïuvresdj prtes, crer une publication de biographies politiques, etc, etc.
Toutes les tentatives quĠil fit prouvaient la grande souplesse de son talent,mais restaient sans rsultats.
Les nombreuses promessesfaites de collaborer des journaux, des priodiques, ne furent pas tenues.
SonÇ Paysan de Vende avant 1789 È rdit fut saisi au 16 mai. Sa collaborationau Ç Courrier littraire È fut des plus phmres (1877) et celle Ç LaLanterne È o il rdigea quelque temps le bulletin bibliographique, brusquementsupprime.
Son ami Lon Cladel qui en 1877-78 dirigeait la publication dessupplments littraires du Ç Rveil È, lui demanda quelques nouvelles.
Cefurent ses dernires productions.
Sa sant sĠbranlait de plus en plus. Abattupar la maladie laquelle vinrent se greffer la douleur occasionne par la mortde sa mre et par ses insuccs, malgr les soins il ne put se rtablir etmourut en 1880 sans avoir eu la joie du triomphe.
Il laissait dans ses papiersbien des travaux en commencement, quelques uns presque termins, entre autres ÇLĠoncle Jacques È rcit la porte des enfants, o il faisait revivre tous sessouvenirs de jeunesse au beau pays dĠAngoumois ; un drame Ç Jrme Savonarole Èet une comdie Ç Le Myosotis È, refuse au Franais ; des tudes dĠhistoire surSavonarole ;
le Conventionnel Bellegarde ; un pome politique Ç 1ĠiIe des RoisÈ et quelques nouvelles ou articles non publis.
source : http://figuresherminoises.over-blog.com/article-jerome-bujeaud-1834-1880--39770605.html